Le Dr Dirk Obbink, papyrologue et enseignant d’Oxford a retrouvé fin janvier deux textes de la poétesse grecque Sappho dans une collection privée.
Ces deux poèmes, dans un excellent état de conservation, ont été formellement identifiés grâce à leur écriture en strophe sapphique, une forme métrique créée par la poétesse. L’un des poèmes parle des frères supposés de Sappho, et l’autre s’adresse à Aphrodite.
S’il est encore nécessaire de le rappeler, la plus grande poétesse de l’Antiquité aimait les femmes. La qualité de ses poèmes, et le fait qu’une femme s’exprime sur le sujet de la passion amoureuse et du désir, lui valurent une très grande renommée et le surnom de « dixième Muse ».
L’Ode de Sappho, son poème le plus connu, adressé à une femme :
« Il me paraît égal aux dieux
Celui qui près de toi s’assied,
Goûte la douceur de ta voix
Et les délices
De ce rire qui fond mon cœur
Et le fait battre sur mes lèvres
. Sitôt que je vois ton visage,
Ma voix se brise,
Ma langue sèche dans ma bouche,
Un feu subtil court sous ma peau,
Mes oreilles deviennent sourdes,
Mes yeux aveugles. »
— Ode, dans la traduction de Bonnard
Toutefois, on dispose de peu d’éléments concrets sur sa vie, qui reste très mystérieuse. Sappho a vécu à Mytilène, sur l’île de Lesbos, entre les VIIème et VIème siècle, mais les auteurs anciens ont par exemple souvent débattu sur le fait qu’elle ait été mariée ou non, ses poèmes évoquant sa fille Cléïs.
Malheureusement l’œuvre de Sappho n’échappa pas à l’homophobie. Considérés comme déviants, ses poèmes furent détruits à plusieurs reprises, et notamment brûlés en 1073 sur ordre du Pape Grégoire VII.
Mais cette découverte laisse présager que d’autres poèmes pourraient être mis au jour dans des collections privées, et venir étoffer l’héritage littéraire de la première « Lesbienne » (qui signifiait à l’époque seulement « personne célèbre de Lesbos »).
Jude