Laurène Daycard -journaliste- et Marthe Péquignot -illustratrice- ont réalisé six portraits de migrants ayant obtenu le statut de réfugié en France en raison de leur homosexualité. Elles exposent leur travail au Monte-en-l’Air à Paris du 6 au 11 juillet. Une exposition qui deviendra, à terme, itinérante.
Ils/elles viennent d’Algérie, d’Ouganda, de Tanzanie, du Mali, de la Thaïlande ou encore de Russie. Ils/elles sont lesbiennes, gays, trans et ont fui leur pays en raison de leur homosexualité ou de leur transsexualité. Il y a plus d’un an en pleine crise migratoire, Laurène Daycard, journaliste indépendante, co-fondatrice du site d’information Le Quatre Heures, a rencontré Madina, une jeune réfugiée ougandaise lesbienne, contrainte de quitter son pays pour sa sécurité. Elle en tire un portrait illustré par Marthe Péquignot. Puis, elles décident de construire ensemble une série sur les réfugiés LGBT et de « replacer l’intime au coeur de la problématique migratoire » détaillent-elles. Dans leur pays d’origine, ils ont été obligés de déménager de ville en ville, parfois de quartier en quartier, jusqu’à ce qu’ils soient découverts et assimilés comme LGBT s’exposant aux violences de leurs voisins, leur famille ou de la police.
Au fur et à mesure de leurs rencontres, elles découvrent les différents obstacles auxquels sont confrontés ces réfugiés LGBT. Se retrouvant parfois dans les mêmes centres que leur communauté d’origine, ils sont de nouveau confrontés à l’homophobie et à la transphobie, qu’ils ont fui.
Ainsi, ils changent régulièrement de centre et se retrouvent pour la plupart, isolés. Résignés, ils sont tous parvenus à s’en sortir en France. Grâce notamment à l’Ardhis, une association qui aident les réfugiés LGBT à monter leur dossier afin d’obtenir le statut de réfugié leur permettant de rester légalement en France. La difficulté principale pour ce type de réfugié est de devoir, par un récit de deux pages, « prouver » qu’ils/elles sont LGBT et que leur retour dans leur pays d’origine est impossible sous peine de mort.
Laurène et Marthe ont été marqué par la résignance des ces personnes qui n’ont jamais renoncé ou tenté de se conformer aux exigences morales de leur famille/pays. Dans leur exposition, elles ont souhaité montrer jusqu’où la logique homophobe pouvait aller mais aussi quels moyens l’on pouvait mettre en place pour « sauver son coeur, son intimité ».
Laurène et Marthe
Lors du vernissage, ce jeudi 6 juillet, des comédiens feront des lectures de ces portraits, ouvrant ainsi le débat sur cette problématique de l’intime au sein de cette grande vague migratoire.
Par la suite, Laurène et Marthe aimeraient que leur travail soit itinérant, qu’il voyage dans toute la France et aussi, pourquoi pas, en faire un recueil.
Toutes les illustrations de l’article sont de Marthe Péquignot
Exils Intimes, vernissage le 6 juillet à 19h au Monte-en-l’air : https://www.facebook.com/events/467556933595511/