My Days Of Mercy a mis du temps à sortir sur les grands écrans (seulement britanniques et américains d’ailleurs). Dommage pour un film aussi touchant que celui-ci. Car il nous raconte la rencontre entre Lucy (Ellen Page) et Mercy (Kate Mara) que tout oppose dans un contexte original et ardu, la lutte contre la peine de mort aux Etats-Unis.
La rencontre entre Lucy et Mercy a lieu dans un contexte particulièrement difficile, l’une lutte contre la peine de mort et l’autre milite en sa faveur. C’est comme une rencontre sur un champ de bataille, chacune avec une histoire personnelle qui la conduit à sillonner les Etats-Unis de prison en prison. C’est aussi la rencontre entre deux milieux sociaux, avec Mercy, avocate en herbe et Lucy, serveuse au chômage. Les autres personnages, la soeur, Martha, le frère et le père de Lucie ainsi que les parents de Mercy, occupent une place importante, surtout Martha que l’on voit tout au long du film incarner une figure maternelle.
Un Film engagé
C’est un film engagé à plusieurs titres. Il n’aurait jamais vu le jour sans l’implication d’Ellen Page et de Kate Mara en tant que productrices. Le scénario de Joe Barton circulait depuis 8 ans dans les productions. L’implication de la réalisatrice Tali Shalom Ezer est aussi exceptionnelle. Ellen Page et elle sont deux personnes ouvertement lesbienne pour l’une et queer pour l’autre. Les scènes entre Lucie et Mercy y ont très probablement gagné en véracité. L’éditrice est aussi une femme : Einat Glaser-Zarhin. Dans une interview de 2017 dans TIFF, la réalisatrice nous en dit plus sur ses motivations pour faire ce film : » La raison pour laquelle j’ai voulu raconter cette histoire, c’est parce j’ai grandi dans un pays différent, mais j’ai aussi grandi en tant que queer dans une très petite ville et j’ai ressenti, à bien des égards, des similitudes avec [Lucy] dans ma vie. Quand j’étais adolescente, je me sentais un peu seule, parce que j’avais le sentiment d’être différente. J’avais des intuitions sur les gens que je ne pouvais pas partager. Je vivais cette lutte intérieure, quand vous voulez vous exprimer et être qui vous êtes, mais que vous cherchez un moyen de le faire : c’est l’histoire que j’ai essayé de raconter. »
Une relation réaliste
L’intrigue de ce film avance avec le personnage de Lucy. Ses émotions, sa vie et ses rencontres la transforment. On la voit évoluer tout au long de l’histoire, et sa relation avec Mercy avance ou recule en fonction. La façon dont Mercy aborde Lucy puis la séduit s’insère avec fluidité dans l’histoire plus générale. Comme souvent, le début est un peu timide comparé à la plupart des rencontres dans la vraie vie, mais la passion et l’amour prennent leur place de façon réaliste.
My Days Of Mercy est l’un des films qui m’a le plus touchée cette année, tout en finesse et par touches. Heureusement qu’il a pu être distribué après deux ans de limbo.