Le collectif Comme nous brûlons revient pour sa troisième édition à La Station Gare des Mines. Bouillonnant d’idées, d’envies, d’énergie et déjà fort de plusieurs manifestations protéiformes entre féminismes, arts, savoirs et engagement politique clair et net, on l’a rencontré pour se chauffer le cœur.
Depuis le premier festival comme nous brûlons en 2017, que s’est-il passé ? Avez-vous gardé la flamme des débuts ? Et surtout comment ?
En deux (bientôt trois) éditions, il s’est passé un sacré paquet de choses, tant dans la petite cuisine de notre orga interne que dans notre engagement féministe via le festival ! Avant tout, on a pris du temps pour souffler parce que la première édition a été très riche en termes d’organisation et d’émotions. On avait vu un peu gros avec 5 jours alors que c’était notre premier « vrai » festival à toutes, donc on a repensé la forme, et on en a profité pour réfléchir sur le fond également. De nouvelles gentes nous ont rejoint en route, toujours en tant que bénévole car nous le sommes toutEs ici, et on avance ensemble.
En fait depuis 2017, on a surtout appris à monter un festival, parce qu’aucunE n’avait la moindre idée du beau bordel que ça pouvait être ! Et oui la flamme est intacte, bien entretenue par nos heures de débats en dimanches-ramasses. Bien entretenue aussi et surtout parce tout bouge trop lentement, et pas forcément dans le bon sens. Y a du boulot avant d’arriver au jour où monter un fest comme celui-là n’aura plus de sens.
Qui fait quoi (à peu près) ?
On essaie de monter nos événements de la manière la plus horizontale possible. On fait les programmations ensemble, et chacunE a un droit de veto absolu sur toute décision prise. Comme on est très nombreusEs, entre 15 et 20 selon les époques, on se divise par “pôle” selon les envies et le temps disponible, chaque membre met à contribution ses savoir-faire et son énergie dans le(s) pôle(s) qu’iel souhaite : pôle musique, atelier-performance, conférence, exposition, théâtre, cinéma, arts-visuels. Chaque pôle bosse sur plusieurs propositions et on valide toutEs ensemble. On se répartit aussi sur l’organisation : production, communication, politique, bénévoles etc. Rien n’est fixé d’une édition sur l’autre et même sur l’année, ça bouge!
Vous êtes nombreux.es, votre secret pour faire fonctionner le collectif, un bon chifoumi, une courte-paille, un plouf-plouf?
Beaucoup d’écoute et de moments d’échange ! On se rend compte que c’est comme ça qu’on parvient le mieux à régler les (petits) conflits internes. On est nombreusEs depuis le début, c’était un vrai pari de fonctionner à vingt, mais ça nous donne aussi une diversité de points de vue et d’expériences qui nourrit incroyablement notre festival. Ça permet aussi à chacunE d’exposer son point de vue et de faire émerger des questionnements ou des débats très enrichissants. Sans compter qu’on est toutEs devenuEs amiEs, donc l’affect joue un rôle important dans notre fonctionnement. Il faut ajouter ici que pour monter ce festival on est épauléEs par toute l’équipe de La Station — Gare des Mines (Collectif Mu), qui a produit entièrement les deux éditions précédentes, coproduit la troisième, et nous laisse les clés de la maison sans jamais s’inquiéter du bazar qu’on leur met.
Pourquoi faut-il raviver la flamme tout au long de l’année ?
Parce que le patriarcat ne prend pas de vacances ? Ce qui signifie aussi qu’on privilégie les invitations à des soirées qui ont un vrai engagement politique. Faire la fête, oui, mais pas sans message derrière. Notre but n’est pas de se disperser mais bien d’apporter (à notre échelle) une contribution aux luttes d’autres collectifs alliés.
Vos artistes qui mettent le feu ?
ToutEs. Dans la lignée de notre hiérarchie horizontale, le choix des intervenantEs et artistes est soumis au collectif donc chacunE a une importance émotionnelle ou politique pour au moins unE membre. Mais je pense qu’on peut souligner Myss Keta, qui a mis le feu pour sa première venue en France l’an dernier, et les DJ Comme Nous Brûlons qui portent fièrement notre étendard partout !
Vous avez encore des envies : lesquelles ?
Aller plus loin dans l’engagement politique du festival comme dans nos déconstructions personnelles, au sein du collectif. On a toujours et encore envie de visibiliser plein d’artistes émergentEs qui font de leur pratique artistique un engagement politique. On aimerait aussi élargir le «spectre» de notre programmation à des artistes qui créent et se battent dans des régimes totalitaires ou particulièrement intolérants. C’est le cas de manière très évidente avec le Brésil de Jais Bolsonaro. Ou la Russie de Poutine. On réfléchit aussi perpétuellement aux choses à mettre en place pour créer un espace plus safe tout en tenant compte de certaines contraintes extérieures, il est primordial pour nous que notre public qui inclut beaucoup de queers et de femmes puisse profiter de chaque temps du festival sans être encore confronté aux oppressions hétéro-patriarcales contre lesquelles on lutte. Visibiliser des artistes c’est une étape mais on questionne aussi beaucoup le contexte dans lequel on le fait!
Votre devise/cri de ralliement/ râle tout court?
Tous les jeux de mots avec « Comme Nous …. » : Comme nous Communiquons, Comme nous Mouillons, mais aussi souvent Comme nous Buvons, parfois Comme nous Ramassons !
Festival Comme Nous Brûlons, du 11 au 15 septembre 2019 à La Station Gare des Mines, le Cinéma Studio et le Landy Sauvage.
Toute la programmation ICI