Actuellement au Petit Palais est organisée l’exposition “Sarah Bernhardt, et la femme créa la star”, à l’occasion du centenaire de la mort de l’actrice. Mais connaissez-vous la peintre Louise Abbéma, avec qui elle entretenait une relation ?
On ne présente plus Sarah Bernhardt, la première actrice connue et reconnue dans le monde entier à qui on consacre actuellement une rétrospective très complète au Petit Palais, à Paris. Courtisane, comédienne, elle peut être considérée aujourd’hui comme l’ancêtre des influenceuses et voyageait de par le monde. Elle inspirait hommes et femmes de son époque, qu’ils soient artistes, auteurs et même politiques. Ce que l’on connaît moins, c’est sa carrière de peintre mais aussi de sculptrice, une carrière qui a été soutenue et suivie par l’une de ses “très bonnes amies”, la peintre Louise Abbéma.
Qui est Louise Abbéma ?
Descendante de Louis XV, fille du Vicomte Abbéma, aristocrate désargenté (qui devait travailler pour une compagnie de chemins de fer, vous imaginez la honte), Louise Abbéma fut l’une des grandes peintres du XIXème siècle, même si elle est aujourd’hui tombée dans l’oubli le plus total. Pourtant, elle fut la deuxième femme peintre à recevoir la légion d’honneur, après Rosa Bonheur. Comme quoi, il n’y a pas de hasard. Formée par de grands peintres comme Charles Chaplin, Jean-Jacques Henner ou Carolus-Duran, Louise Abbéma adopte rapidement son propre univers, influencée par les maîtres de son époque, comme Manet.
Régulièrement exposée au salon des artistes de Paris de 1874 à 1926, signe de la reconnaissance de ses pairs, médaillée de bronze et d’argent de l’exposition Universelle de Paris en 1900, elle devient rapidement la portraitiste préférée du tout Paris mondain, même si elle peint pas que ça, et est aussi à l’origine de jolis panneaux décoratifs. Elle rajoutera aussi de nombreuses cordes à son arc comme l’illustration, la décoration ou la publicité, pour lesquelles elle dessine régulièrement Sarah Bernhardt. A la fin de sa vie, elle tombe néanmoins peu à peu dans la misère. Les codes artistiques ont en effet changé après la première guerre mondiale, et l’impressionnisme et le figuratif tombent en désuétude.
La rencontre avec Sarah Bernhardt
Elle rencontre l’actrice Sarah Bernhardt en 1871, et leur relation, même si on trouve aujourd’hui que peu d’informations, est d’abord amoureuse, pour devenir ensuite amicale, et durera jusqu’à la mort de l’actrice en 1923. La nature de leur relation est connue de tou.te.s. Sarah fait même de Louise un très joli buste, et Louise Abbéma les peignent ensemble sur une barque au bois de Boulogne en 1883, pour le jour anniversaire de leur rencontre. Une toile touchante à découvrir pendant l’exposition. Elles sont vraiment très proches.
Les deux femmes passent beaucoup de temps ensemble et travaillent régulièrement côte à côte. Elles revendiquent une vraie liberté, très rare au XIXème siècle, en se moquant du qu’en dira-t-on. La peintre d’ailleurs ne se mariera jamais. Louise Abbéma peint régulièrement l’actrice (on retrouve de nombreux portraits signés de la peintre pendant toute l’exposition) et c’est grâce à Sarah Bernhardt que son travail finit par se faire remarquer. Elle fait vraiment partie de son entourage proche comme avec le peintre George Clarin. Ils fondent ensemble pour rire un drôle de trio, “la société du doigt dans l’œil” un nom vraiment génial. Une sculpture (rare) où leurs deux mains sont enlacées datant d’environ 1875 se fait même la preuve de cette affection commune, qui ne prendra fin qu’à la mort de l’actrice en 1923.
L’exposition donne l’occasion de revenir sur le travail impressionnant de cette peintre, et de lui redonner une place de choix dans l’histoire de l’art français. A découvrir au Petit Palais jusqu’au 27 aout 2023, et si vous voulez une occasion spéciale pour y aller, une soirée s’organise le 9 juin, « Fais Pas Genre » avec Rag derrière les platines et la troupe du Cabaret de Madame Arthur, qui présentera une création originale autour de l’actrice.