Andro, butch, fem, lipstick, gouitch, flutch, switch et j’en passe, les lesbiennes sont souvent catégorisées en fonction de leur apparence, de leur comportements, de leurs revendications, autant de petites cases et d’étiquettes permettant la classification des genres lesbiens. Mais une catégorie transversale de filles se cache et espère passer inaperçue malgré quelques spécimens présentant des symptômes sévères : les Gouines-à-chats. Féminine ou masculine, jeune ou moins jeune, petite, grande, mince, grosse, la Gouinachat fait fi des apparences et reste en général difficilement identifiable au premier abord. Si les Gouinachats sont partout, elles restent toutefois discrètes, mais certains indices ne trompent pas, soyez vigilantes !
Ne vous attachez pas au mythe de la fille célibataire longue durée qui préfère les animaux aux humains : la Gouinachat moderne est cool, a une vie sociale riche et épanouie, et une vie sentimentale qui l’est tout autant. Au delà de la mèche, de la marinière The Kooples et du discours de drague rodé et efficace depuis 2006, si vous titillez quelques instants ses réflexes catophiles, elle saura vous dire si son “Bébé d’Amour” est plutôt “viande ou poisson”, quel est son type de griffoir préféré, ou son lieu de prédilection pour la sieste de l’après-midi (qui n’est pas le même que pour la sieste du matin, of course !). Poussez-la encore un peu sur le sujet à l’aide d’une vidéo de chaton sur YouTube, et si elle est en forme, elle évoquera longuement les bénéfices scientifiquement prouvés de la ronronthérapie et les derniers exploits de son meilleur ami à quatre pattes.
Qu’elles refoulent ou qu’elles assument leur passion féline, les Gouinachats sont plus nombreuses qu’on ne le pense : mais pourquoi un tel engouement ? Est-ce leur préférence pour les chattes qui leur fait d’instinct aimer les minous ? On pourrait penser que le chat est l’animal féminin par excellence : gracieux, doux, élégant, raffiné, subtil et j’en passe, lancez une Gouinachat sur le sujet pour obtenir des adjectifs supplémentaires. A l’inverse, il se peut aussi que la Gouine soit l’être humain le plus proche du félin : indépendante, hautaine, ingrate, exigeante, rancunière, avec parfois une peur panique de l’aspirateur. Quoi qu’il en soit, la Gouinachat reste complice avec tous les minous et en toutes circonstances, mais les choses se corsent en cas d’interactions sentimentales avec une espèce plus rare mais vindicative : la Gouinachien*.
Une question cruciale mérite effectivement d’être posée : la Gouinachat peut-elle être heureuse en couple avec une Gouinachien, qui ne comprendra pas pourquoi Peluche-Miaou fait la gueule parce qu’elle est couchée sur SON oreiller ? Qui ne comprendra pas pourquoi elle s’est fait griffer au sang après lui avoir caressé le ventre ? Pire, qui essayera de le faire jouer avec une baballe qui fait pouic-pouic ? Ou encore, affront ultime, qui amènera avec elle ce con de Kiki-Wouf qui essayera de bouffer Peluche-Miaou à grands renforts d’aboiements stridents insupportables ? La clé est là, chères lectrices : la compatibilité amoureuse butch/fem, butch/butch, fem/fem, andro/flutch et autres conneries, c’est terminé ! La réussite des rapports sentimentaux entre deux femmes s’évalue désormais en fonction des affinités animalières !
Après tout, classer les lesbiennes en fonction des animaux qu’elles aiment n’est pas plus bête que de les regrouper en fonction de leur apparence, non ? Pourquoi ne pas se mettre des étiquettes sur tous les sujets, pendant qu’on y est ? On revendique le droit à l’indifférence, à être traitées comme n’importe quel individu lamba dans ce pays mais on continue de se ranger dans des cases et d’en créer de nouvelles, sous-groupes de sous-catégories, s’isolant des autres, se différenciant sur des détails insignifiants. Je suis une gouinachat lipstick électrofan charcutophile et pizzavore, mais au final, juste une fille comme les autres.
Audrey
* Gouinachien : Gouine aussi neuneu avec les chiens que la Gouinachat avec les chats. Catégorie lesbotransversale à l’instar des Gouinachats, mais espérant compenser le faible nombre de ses congénères par des moqueries envers les individus catophiles.