C’est l’histoire d’une mixture slave élevée au rang de franchise. C’est l’histoire d’une marque déposée que l’on porte tambours battants à l’export. C’est l’histoire d’une révolution qui fascine plus qu’elle ne fédère.
Si le but du féminisme est de s’insurger puis de lutter contre toutes les formes de domination et de soumission que peut subir une femme. Si son moyen est de s’armer politiquement afin de l’extirper d’une condition souvent bien basse. Alors, le féminisme se doit d’être une notion plurielle. Puisque justement, il existe des conditions, il doit forcément exister des féminismes. Il n’est pas question ici de tomber dans le manichéisme, de hiérarchiser les répressions et les luttes, d’arguer qu’un combat vaut mieux qu’un autre. Il est question de prendre conscience de la pluralité des conditions qui appelle la pluralité des outils et des moyens.
Quelque part dans les montagnes du haut atlas marocain, vit Bouchra. Quand on me parle de féminisme, c’est d’abord à elle que je pense. Dans un pays où une personne sur deux ne sait ni lire ni écrire et où les traditions sont encore bien ancrées dans les mœurs, elle a relevé un pari de taille, celui de devenir sa propre patronne. Bouchra a bataillé pendant des années pour créer sa coopérative d’huile d’olives. Au bout du compte, elle a pu employer toutes les femmes de son village. Bouchra a changé le monde. Elle a changé son monde. Elle l’a fait à sa manière. A sa petite échelle, avec ses propres armes.
De cet exemple, découle une simple interrogation : Peut-il y avoir une légitimité pour un mouvement, lui-même ancré dans un contexte social, culturel, historique à se proclamer garant de la liberté de toutes les femmes ? La réponse est non. C’est une douce utopie que de penser que l’on peut prêcher pour toutes. C’est s’engager sur un mauvais chemin que de croire qu’au bout de la route on viendra à bout de tous les répresseurs et de toutes les répressions. Un mouvement diffus est un mouvement voué à l’essoufflement. Etre de toutes les causes, c’est n’être d’aucun combat.
Qu’on compatisse, qu’on affiche son soutien à une cause est une chose, qu’on la pense à la place de celles qui la portent en est une autre. Vous voyez, même à condamner l’homophobie de toutes ses forces, un-e hétérosexuel-le ne pourra jamais prendre l’exacte mesure de la blessure qu’elle engendre. Puisqu’il ne l’aura jamais vécue, puisqu’il ne l’aura jamais subie. Eh bien, Il en va ainsi du féminisme.
… Et puis, quelle hérésie que de penser que religion et féminisme sont antinomiques ! Quel joli amalgame ! Remarquez, ce n’est pas étonnant, de nos jours, les frontières sont de plus en plus poreuses. Après tout, islam, islamisme, judaïsme, sionisme, ce n’est qu’une affaire de barbus terroristes, à quoi bon s’afférer à établir des nuances et des nivellements ! Rien ne sert de condamner les lectures rétrogrades, l’instrumentalisation religieuse et l’extrémisme qui en découle. Arrêtons-nous à ce raccourci qui nous évitera bien des peines : la religion, c’est le mal (mâle ?!). Une fois qu’on a dit cela, la conclusion parait irrévocable. Mesdames, vous qui avez cédées aux sirènes de la foi, cessez d’être féministes puisqu’on vous dit que… Là où commence la religion s’arrête le féminisme. Amen.
Rania