Dans ce climat de haine et de violence qui semble s’intensifier, nous avons aussi parfois d’autres coups de gueule à passer. Des coups de gueule qu’on garde sous le coude pendant un temps, et ce, jusqu’à ce que ça pète, jusqu’à ce qu’une personne vienne vous poser la question qui vous gonfle, la question que vous trouvez dépassée.
« Et toi, t’es plutôt clitoridienne ou vaginale ? »
« Euh…comment dire… »
À une époque où je n’avais qu’une appréhension émotionnelle de mes orgasmes, j’avais du mal à expliquer à mes amiEs pourquoi je trouvais cette question stupide et restrictive, puis j’ai pris connaissance d’un documentaire sur le clitoris dont je vous ai parlé ici il y a plus d’un an.
J’ai ainsi alors pu expliquer qu’anatomiquement, un orgasme dit vaginal était aussi un orgasme clitoridien dans la mesure ou la contraction du vagin était une cause de la stimulation directe ou indirecte du clitoris. Comme je l’avais déjà décrit : la racine du clitoris se compose de deux glandes autour de l’urètre, qui semblerait être le point G.
La question du ressenti lors d’un orgasme dit vaginal ou clitoridien ne se pose pas. Pour moi tous les orgasmes sont différents selon la partenaire, l’humeur et les pratiques.
Ce qui me gène c’est que cette question binarise l’orgasme et nous pousse à choisir un « camp » plutôt qu’un autre; mais surtout qu’il sépare en deux catégories distinctes le vagin et le clitoris. Le vagin procurerait alors ainsi une jouissance profonde et adulte tandis que le clitoris nous ferait jouir de façon beaucoup plus superficielle.
Cette distinction a fait beaucoup de mal dans le passé et sans doute encore aujourd’hui, beaucoup de mal aux femmes qui pensaient avoir un problème parce qu’elles n’arrivaient pas à jouir quand leur homme les pénétrait. Or on sait très bien qu’un vagin sans clitoris ne procure pas d’orgasme, tout au plus, des sensations fortement agréables.
Aujourd’hui, il me semble qu’encore beaucoup de personnes considèrent la stimulation directe du clitoris comme des préliminaires (chez certains hétéros notamment ) mais qu’en est-il alors des lesbiennes dont parfois la pratique ne prend pas en compte la pénétration ? Ne font-elles alors que des préliminaires ?
Ce coup de gueule m’amène alors à une autre question. Certaines lesbiennes estiment que l’on ne peut pas être goudou et aimer la pénétration. Pour ces femmes, la pénétration serait une pratique purement hétérosexuelle et aimer être pénétrée serait l’expression inconsciente de désirs hétérosexuels. Mais une pratique n’est pas inhérente à une orientation sexuelle ou amoureuse. Avoir des pratiques qui impliquent des godemichés et autres objets phalliques ne révèle pas notre désir de se faire prendre par une grosse queue, pas plus que ne pas aimer la pénétration veut dire qu’on a un problème avec la sexualité en général.
Sarah