En 1976, Ken Bunch, comédien, se rend dans un couvent de l’Iowa pour emprunter des habits de religieuses afin de monter sa propre version de la comédie musicale La Mélodie du bonheur. Trois ans plus tard, résidant à San Francisco, il décide avec des amis de ressortir ces habits et de se promener ainsi vêtus dans les rues du célèbre quartier du Castro. Ce qu’ils pensaient être un jeu entre amis, a été la naissance des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence. De l’habit monacal, elles n’ont conservé que le couvre-chef : préférant porter des vêtements hauts en couleur, se maquillant de façon exubérante, elles mènent leurs combats dans la joie.
Les premières actions des sœurs étaient politiques: d’un engagement dans les luttes homosexuelles en passant par une manifestation contre le massacre de bonnes sœurs catholiques romaines au Salvador par l’armée américaine en 1979, elles prenaient aussi position contre le nucléaire.
Sœur Rose de la Foi de ta mère qui organise la Messe, notamment au festival Solidays (Les Sœurs y sont présentes depuis 15 ans) depuis 5 ans, et membre du Couvent de Paname, a accepté de répondre à mes questions sur les Sœurs et sur leurs engagements.
L’apparition des premières victimes du SIDA à San Francisco au début des années 1980, a donné un rôle un peu plus social aux Sœurs, qui ont créé le premier tract de prévention contre cette épidémie, le « Play Fair, Play Safe ». Elles ont aussi organisé la première soirée de levée de fonds pour financer la recherche contre cette maladie. L’impact des Sœurs s’amplifie dans la communauté et les gens vont être de plus en plus en demande de leur présence : à l’époque, les pompes funèbres mais aussi les religieux, refusaient d’enterrer les victimes du sida, vu comme une punition divine.
Les Sœurs ont accepté ce rôle et ont aussi mis en place la Cérémonie des Lumières, qui est aussi une action relative à leur vœu de Droit et de Devoir de Mémoire, durant laquelle chacun allume une bougie, car « il est important de se souvenir de tous les gens qu’on a pu perdre que ça soit par le sida mais aussi les déportés homosexuels, que ça soit ceux qui se sont suicidés à cause de l’homophobie ambiante, ceux qui se sont fait assassinés parce qu’ils étaient homosexuels ».
Soeur Rose
Chaque Couvent a son propre mode de fonctionnement. Alors que le Couvent de Paris s’occupe principalement de faire des levées de fonds, le Couvent de Paname, quant à lui, effectue un travail de terrain et notamment sur la prostitution. Les Sœurs souhaitent en effet l’application du Droit Commun aux prostitués, ce qui leur permettra de pouvoir faire leur métier « dans des conditions à peu près normales et pas dans une précarité criminelle dans laquelle elles sont pour l’instant ». Elles veulent aussi l’abrogation des lois sur le proxénétisme, qui à l’heure actuelle, font d’un enfant majeur de prostitué qui touche de l’argent de son parent, un proxénète. Pour en savoir plus sur les combats des travailleurs du sexe : ici
Mais les Soeurs multiplient les combats et outre les deux cas cités, elles luttent pour la légalisation des drogues, visant la mise en place d’une politique d’éducation (et non de répression) ou évidemment contre l’homophobie via leur extravagante présence.
Chaque année, les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence organisent un séjour de ressourcement, qui permet à des personnes séropositifs mais aussi à des médecins, des proches… de se retrouver pour quelques jours de joie, de partage, d’activités ludiques et de détente. Leur prochain séjour aura lieu du 1 au 5 novembre 2013.
Pour en savoir plus, contacter les Sœurs du Couvent de Paname sur le site : http://www.couventdepaname.org
Crédits photos : Kea Nop et Solidarité Sida
Fiona