L’année dernière, vous rompiez en suivant mes faux conseils sur Barbi(e)turix. Six mois plus tard, vous voilà avec une ex de plus à votre palmarès de la détresse amoureuse.
Si vous avez à peu près su gérer la rupture, quelque soit le côté où vous vous trouviez, il vous faut maintenant gérer l’après. L’après relation n’est jamais simple. Parce qu’une rupture est souvent suivie d’une période de « Oui mais non », « On peut continuer à coucher ensemble sinon ? », « Je ne veux plus te voir mais quand même tu fais quoi ce soir ? ». Certaines personnes ont pour principe de couper les ponts avec leur exs, pour marquer de façon définitive la fin de leur amour.
Mais une relation amoureuse finit-elle réellement ? Arrêtons-nous vraiment d’aimer (sous toutes les formes d’amour, la haine en faisant partie) les personnes avec qui nous avons eu une relation amoureuse ? Ne sommes nous pas toutes et tous dans l’addition de relations sans que l’on ait réellement soustrait la précédente ? On ne se débarrasse pas émotionnellement et intellectuellement de ses exs. Elles sont toujours là, quelque part ; dans un groupe d’amies en commun, dans des souvenirs très forts, des anecdotes, des objets et bien évidemment des lieux.
On ne se sépare jamais réellement d’une ex, il nous faut l’accepter :
Il suffit d’un simple rangement dans quelques cartons pour retrouver une photo prise lors d’un voyage, d’un tri dans son iPhone ou sur Instagram pour voir des évènements passés à deux défiler. Chaque jour de l’année est différent des journées de l’année passée. Tel jour ferié nous renvoie au précédent, une promenade quelque part dans Paris. Aujourd’hui, c’est avec une amie. Parfois trempée d’une certaine nostalgie, l’émotion ressentie nous fait aller de l’avant. Things change.
Il nous arrive de nous rendre chez quelqu’un et de reconnaître une odeur familière, de croiser un parfum particulier dans le métro. Le parfum n’est pas unique, la personne qui le portait l’aura été.
Il suffit de rencontrer des personnes que nous avons connues en commun, de demander comment elle va pour se rassurer qu’elle va aussi bien que nous, ou parfois, aussi mal.
Prendre le métro à lui seul est une madeleine de Proust parfois peu agréable. N’en déplaise à NKM. Il nous arrive de vouloir éviter à tout prix la station de métro sur laquelle elle vivait. Parfois aussi, nous traversons certaines rues proches de chez elle la boule au ventre, la peur de tomber sur elle.
Dans le milieu lesbien, les chances (ou les risques) de la croiser sont multipliées par dix.
A force d’accumulation, vous finissez même par vous dire que la soirée lesbienne dans laquelle vous êtes est soit peuplée d’exs soit de potentielles futures exs.
Puis il y a les anecdotes racontées autour d’une table. Lorsque trop évoquées, il faut commencer à se poser des questions, voir ce qu’on a foiré dans le deuil ; l’avons nous vraiment fait ? Avons nous vraiment tourné la page ? On les accumule sur la table et on y revient parfois. On ne se débarrasse jamais de ses sex. Elles sont là, tout le temps.
Qu’est-ce qui nous pousse à taper chaque semaine son nom sur facebook pour voir si elle a changé de photo de profil, même trois ans après ? Qu’est-ce qui nous pousse à googeler son nom ou à se rendre sur twitter pour voir elle si est devenue un sujet de conversation?
Même si c’est nous qui avions mis fin à la relation, qu’est-ce qui nous pousse à la stalker sur internet sans cesse. L’après rupture 2.0 est plus traitre.
Mais quelles exs exactement ? Quelles sont celles que l’on oublie facilement, celles qui reviennent, celles avec qui c’est simple et celles avec qui c’est compliqué ?
Il y a l’ex avec laquelle la rupture a été simple et dont nous avons été à l’initiative. On sait qu’on l’aimera toujours même si le désir sexuel et amoureux n’est plus là, le sentiment est fort. Mais l’amitié est impossible pour elle. Dans le sens inverse, c’est difficile d’accepter et de comprendre pourquoi la personne nous aime encore mais ne nous veut plus.
Il y a l’ex qui s’est ratée lors de la rupture, qui a voulu être délicate mais qui n’a rien dit vraiment. Celle qui vous a coupé les ailes en plein vol et a provoqué une chute mortelle dont il est difficile de se remettre. Le désir amoureux s’est transformé en haine, parce qu’il n’y a que comme ça que vous pouvez tourner la page.
Il y a celle que vous désirerez toute votre vie, avec qui l’amitié est impossible tant vous avez envie de la prendre dans toutes les positions dès que vous l’apercevez. Le désir est réciproque, le passage à l’acte pas forcément une bonne idée. Le tout est d’être sereine avec ça.
Il y a l’ex qui ne vous a pas dit grand chose, qui n’a pas vraiment réussi à expliquer et qui n’a pas su géré l’après, celle qui vous a fait sentir comme une merde, qui vous a manqué de respect et avec qui l’amitié est impossible.
Il y a l’ex de la rupture du commun accord qui n’est pas si commun. Avec qui l’amitié est possible mais ambiguë et amère.
L’ex de la rupture inévitable parce que ça ne faisait pas longtemps que vous étiez ensemble et qu’il fallait se rendre à l’évidence, vous n’étiez pas amoureuses.
Il y a l’ex qui va passer son temps à vous éviter alors qu’elle fréquente les même lieux que vous.
L’ex avec qui c’est compliqué, que vous pensez être la femme de votre vie. Pour aller mieux et tourner la page un peu, vous vous persuadez que vous vous retrouverez dans dix ans, mais ce n’est pas vrai , vous serez toutes les deux passées à autre chose malgré l’amour toujours présent.
Il y a l’ex qui revient et repart, qui fait des allers retours sans cesse pendant six mois, un an voire trois. Celle avec qui ce n’est juste pas possible, histoire impossible.
Et enfin, il y a des exs qui avec le temps deviennent des amies. Certaines d’entre vous arrivent à être amies très rapidement, mais c’est rarement un souhait réciproque, il y a toujours une personne qui se fait avoir dans l’histoire mais on ne sait jamais réellement qui c’est et ça peut changer au cours de l’histoire.
Les ex est un sujet bien plus vaste que savoir comment gérer l’après, l’après relation, l’après rupture. Ce sont des parties de nous, de ce que nous avons été et de ce que nous ne voulons plus être, mais comme nous accumulons les relations et les ruptures, nous accumulons les personnes que nous sommes et que nous n’aspirons plus à être.
Au début de ma vie amoureuse, je pensais que sortir avec son ex c’était comme ravaler son vomi. Que peut-il bien se passer en cinq ans d’expériences pour finir par dire que sortir avec son ex c’est finalement du recyclage, un plat réchauffé parfois meilleur que la veille ?
Sarah