Quand les manifs pour tous et autre Christine Boutin crient au scandale en affirmant qu’il faut laisser l’enfance aux enfants, c’est à dire ne leur parler ni d’orientation amoureuse ni de sexualité, je pense au contraire que notre enfance a beaucoup à nous apprendre sur notre sexualité adulte.
En effet, qui n’a jamais joué à « touche-pipi », qui n’a jamais rêvé, enfant, de la princesse charmante en serrant les cuisses, qui n’a jamais connu certains plaisirs sexuels très jeune ? Certes, ce n’était souvent ni prémédité, ni contrôlé mais qui a dit que les enfants n’avaient pas de sexualité ?
Des fantasmes érotico-amoureux à des jeux à connotation sexuelle, notre enfance est remplie de souvenirs plus ou moins flous, de jeux avec des camarades de classe, la petite voisine ou la meilleure amie.
«Je devais avoir environ 10 ans quand ça a commencé. Avec une copine, on explorait notre corps. On se montrait d’abord nos parties génitales puis on se caressait un peu mutuellement. Je crois qu’on caressait aussi des poupons, et d’ailleurs, je me frottais même à mon poupon favori. J’avoue que je ne comprenais pas mais en y repensant, ça m’intrigue. Je pense que mon attrait pour les filles vient de là, mais j’ai du le refouler ensuite, d’où le fait que je ne m’en souvenais pas.» confie Elvire.
«Moi, je jouais avec ma soeur. On jouait à un jeu qui s’appelait « Les soeurs », sauf qu’on avait 17 ans au lieu de nos 8 et 11 ans. J’avais un long coussin que je plaquais contre un mur et j’imaginais que c’était quelqu’un de fictif, homme ou femme. Je me masturbais jusqu’à l’orgasme, debout.» avoue Judith.
Rachel, quant à elle, a écrit une BD porno lorsqu’elle avait 10 ans: «À 10 ans, quand j’étais au cm1 avec Aude, une amie, on a écrit une BD porno avec nos profs comme protagonistes… C’était assez hot, je ne sais pas d’où je savais tout ça mais ce qui est sûr c’est que ma grand-mère ne l’a pas apprécié car elle m’a confisqué la bd et m’a demandé de recopier 10 fois les 10 commandements…»
«Avec Aude et Justine, au même âge, on aimait prétendre qu’on faisait l’amour en se frottant l’une sur l’autre. Souvent une regardait et les deux autres « s’accouplaient » devant elle. Soit on prétendait être nos parents soit des chevaux (car on aimait toutes les trois les chevaux).» ajoute Rachel.
«Quand j’étais petite, j’aimais beaucoup serrer mes cuisses, tirer sur mon collant. Quand je jouais à la balançoire chez des amies, je me mettais cheval sur la balançoire, et je faisais en sorte de coller mon sexe sur la corde. Je ne comprenais pas pourquoi ça me faisait du bien. J’aimais aussi caresser mon sexe avec la brosse à cheveux (celle avec des picots ou celle en poil de sanglier).» confie Géraldine.
Elle ajoute: «Je me souviens d’un fantasme qui est né à ce moment là, de me retrouver dans la chambre d’une fille (j’avais une copine d’école dont j’étais amoureuse, une rousse aux cheveux bouclés, elle s’appelait Florence, elle avait un petit cheveu sur la langue et elle disait des gros mots). Je m’imaginais dans sa chambre, ou dans la chambre d’une autre fille, et elle me faisait sentir ses vêtements, ses culottes, puis sentir son corps, je parcourais son corps en le sentant. Bizarre, parce qu’à cette époque, pas encore pubère, je crois qu’on n’avait pas vraiment cette odeur forte qu’on a adulte, mais c’était rentrer dans son intimité je crois qui me plaisait.»
Des fantasmes, des jeux, des souvenirs sexuels plus ou moins refoulés car parfois liés à notre orientation sexuelle non hétéro, il y en a beaucoup. Sans doute avons nous souvent, en tant que lesbienne ou bie, oublié certains souvenirs. C’est souvent en faisant son coming-out que tous ces jeux et fantasmes se rappellent à nous, « Mais oui, c’était donc ça ».
Parce que non, on ne préfère pas les femmes parce qu’on a été déçues des hommes. D’ailleurs, parfois, on aime aussi les deux.
Et vous, quels souvenirs érotiques gardez-vous de votre enfance ?
Sarah