On a rapidement su ce qu’étaient le sperme et le liquide séminal, on a su également vite à quoi ils servaient. On a aussi souvent entendu des blagues du style « t’avales ? » en pensant qu’il s’agissait du sperme. Et si aujourd’hui, on répondait oui et on disait « Oui j’avale… de la cyprine » ?
Je ne sais pas pour vous mais le mot « cyprine» est apparu dans mon vocabulaire courant il y a seulement 5 ans. Avant, je ne connaissais pas l’existence de ce mot et je disais « sperme féminin » (oui, je peux avoir honte). Mais il n’est pas aussi courant que le sperme. On a beau savoir de quoi il s’agit, on en parle jamais, et on utilise que rarement ce mot.
Et comme on en parle peu, comme on dit que les meufs sont des princesses qui font pipi des paillettes, on croit que nos vulves sentent la rose. Et si tel n’est pas le cas (puisque ce n’est jamais le cas), on s’efforce à ce que le soit. On se nettoie avec des produits intimes dont le PH est si acide qu’il abîme la flore vaginale, on met du lubrifiant au citron pour avoir meilleur goût ou on évite les cunnis par dégoût ou par peur de dégoûter l’autre.
Pour aller plus loin, on peut même se blanchir la chatte et se faire rétrécir les lèvres.
Je n’ai jamais été complexée par mon sexe, c’était sans doute le seul endroit où la société n’avait pas encore mis ses injonctions. Jusqu’a ce que je rencontre des femmes qui n’aimaient pas le goût du sexe : du leur, comme du mien. L’estime de soi redescend aussi vite qu’elle est venue : quand l’autre n’aime pas le goût que l’on a, que fait-on ?
Et bien, on change de partenaire. Les goûts sont parfois une histoire de chimie. Le goût qu’a notre sexe dépend de si nombreux facteurs qu’il serait stupide d’envisager de changer d’alimentation ou d’hygiène de vie sous prétexte que notre goût ne plait pas à notre partenaire.
J’ai connu d’autres filles qui aimaient le goût de leur sexe (et du mien) mais qu’en est-il exactement ? Aimez-vous votre mouille ?
« J’aime bien la mouille, la mienne aussi. Je la goûte parfois, après avoir joui quand je me branle. J’aime bien en mettre plein mes doigts serrés, puis les écarter, et voir les fils de mouille entre les doigts. J’ai l’impression de mouiller suffisamment, sauf si je bois, fume ou autre évidemment. Tremper ma culotte dans les lieux public parce que je fantasme sur quelque chose ou que quelqu’unE m’envoie des messages excitants… J’aime bien. En rentrant chez moi je suis susceptible de sentir ma culotte par exemple. En fait mouiller ça m’excite, donc c’est un cercle vertueux. » confie Manon.
« J’aime beaucoup l’odeur et le goût de mon sexe, et de celui des autres en général. Ça ne m’est jamais arrivé de trouver ça désagréable en fait. Après on m’a déjà dit que j’avais une odeur marquée, mais jamais négativement. » Ophélie
« J’aime bien toucher mon sexe et lécher mes doigts ensuite. Ça me rassure (ouf, j’ai une odeur) et ça me fait me sentir hyper sexy. Je sais pas pourquoi. Puis je bosse souvent à poil et j’ai toujours la main en bas, donc je pense que je passe mes journées à sentir mon sexe sans m’en rendre compte ! » Judith
« J’aime goûter ma mouille, la sentir sur mes doigts avant, pendant, après l’amour, l’étaler sur mon corps…ça m’arrive de ne pas me laver pour sentir ma mouille toute la journée (surtout quand je me branle le matin ou la nuit avant d’aller me coucher) c’est devenu une odeur rassurante, liée à mon amoureux. D’ailleurs, je trouve le goût et l’odeur de ma mouille plus agréable que le sperme/la cyprine de mes ancienNEs partenaires. Peut-être parce que j’ai appris à apprécier cela autant que la sueur, les larmes, et même parfois le sang. » Joséphine
Est-il important pour vous que votre partenaire aime vos fluides ?
« Et c’est hyper important que mon/ma partenaire l’aime également ! » ajoute Manon.
« Quand ma copine me dit qu’elle aime bien mon goût, qu’elle hume ses doigts, les lèche après m’avoir caressée le sexe, cela m’excite et me fait plaisir. C’est important que l’autre apprécie mon goût, mon odeur car après tout, c’est moi aussi, mon corps, mes odeurs, mon intimité. Et on a envie d’être aimée toute entière. » confie Latifa.
« Je peux pas faire sans. Ma partenaire doit aimer mon sexe. Ça m’est arrivé qu’une fille n’aime pas le goût de mon sexe (elle n’aimait pas le sien non plus), ça m’a pourri l’estime. Maintenant, c’est une des premières conditions. Je veux pouvoir embrasser ma copine après un cunni, dans un sens comme dans l’autre. La cyrpine, c’est moi et si l’autre ne peut pas aimer mes fluides, je ne sais pas si elle me désire vraiment… » ajoute Judith.
Enfin, dans quelle mesure s’agit-il d’une histoire de goût ? N’est-ce pas plutôt les discours dégradants sur la sexualité et sur le sexe des femmes qui poussent certaines à complexer sur leur sexe ? Le sexe est certes partout, mais il reste lisse et aseptisé. Aucune trace de sexe qui dégouline, avec des lèvres qui dépassent, des odeurs et des couleurs. On pourrait mettre des fleurs à la place, ça ne changerait rien. Le sexe d’une fille doit être rose et avoir un délicat parfum de macaron à la vanille.
Heureusement, il existe toujours quelques irréductibles farouchement attachés à la mouille.
Sarah