Comment choisir le sextoy adapté ? Comment l’entretenir ? Quelles sont les préconisations des spécialistes de la santé ? Flo, sage-femme, répond à nos questions.
Aujourd’hui, après plusieurs millénaires de civilisation, l’humanité se pose encore et toujours la même question : Mais, comment font deux (ou plusieurs) filles ensemble… sans BITE ? On passe notre temps à dire aux hommes que ce n’est pas la taille qui compte (mais le goût), qu’une demi molle n’est pas un drame… Mais quand il s’agit de faire sans, c’est l’indignation. Et pourtant… Une femme n’a pas besoin d’un pénis pour avoir du plaisir sexuel ou un orgasme.
Clitoris et vagin
Tout le monde ou presque connaît le clitoris. Parmi les organes, il est le seul à être exclusivement dédié au plaisir. N’en déplaise à Freud, il peut très bien participer et suffire à une sexualité satisfaisante et complète. Un doigt, une langue ou encore ce simulateur de cunnilingus pourra vous procurer d’intenses sensations.
Mais quid du vagin ? Cet étui pénien ? Ce fourreau prêt à fourrer ? Cette grotte aux plaisirs ? C’est une cavité qu’on peut qualifier de virtuelle (sauf cas particuliers). En effet, il n’est normalement pas béant en permanence, ses bords sont « collés ». Au repos il mesure en moyenne 8 cm… Et là je vous vois vous regarder les doigts. En cas d’excitation sexuelle, il peut s’allonger et s’élargir essentiellement dans sa partie supérieure. Embryologiquement, il provient de deux structures différentes : le sinus uro génital pour son tiers inférieur et les canaux de Müller pour le reste. Ainsi, les caractéristiques de la paroi vaginale changent en fonction de l’endroit où on se trouve. Le tiers inférieur est le plus innervé et théoriquement le plus « sensible » notamment en antérieur, vers là où se trouverait le point G… Simple coïncidence ?
Néanmoins, les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes ont parfois envie de pénétrations plus oblongues et moins concentrées sur ce qui est idéalement idéal d’après leur anatomie… la science ne faisant pas le sexe. Et là vient -entre autres- le sextoy, et en particulier le gode. Il a fallu parfois du temps pour se l’approprier ce gode à grands coups de « oh ben si c’est pour ça, autant un mec hein ». (Parce que c’est bien connu un homme n’est qu’une bite en mouvement. Un gode ne serait alors qu’un homme sans parole…).
Un sextoy safe ?
Donc c’est décidé, vous voulez un sextoy, un gode, un truc vibrant, rond, mou, dur ou long. Mais vous êtes perdue et ne savez pas quoi choisir ? Je ne vais pas vraiment vous aider… c’est selon l’envie. Par contre, je peux vous prévenir de certains risques potentiels.
Déjà, la matière. Vous avez sûrement entendu parler des phtalates. Ce composé chimique est utilisé pour donner souplesse et élasticité au plastique rigide. C’est également un perturbateur endocrinien pouvant être absorbé par la muqueuse vaginale. Six types de phtalates ont été interdits (limités à 0,1%) en Union Européenne dans les jouets pour enfants dans le but d’éviter les ingestions par machouillages divers. Par contre, rien n’encadre les sextoys. Certains matériaux ne contiennent jamais de phtalates (le silicone médical à 100%, les élastomères de silicone ou thermoplastiques, le verre, la céramique, le bois, le latex ou le métal) pour tous les autres, sans mention spécifique on ne sait pas. L’utilisation de préservatif permet d’échapper à ce problème. Outre la composition chimique, la porosité rentre également en jeu. Un sextoy poreux (caoutchouc souple, PVC, « skin like »…) pourra moins bien être nettoyé et il est préférable de l’utiliser avec un préservatif. Parmi les moins poreux on trouve le silicone, le verre, l’acier inoxydable et les élastomères.
Est-ce une lampe torche ? Un pilon ? Une haltère ? Non, c’est un sextoy.
L’entretien
Tout comme pour votre coupe menstruelle, nul besoin de stériliser votre jouet, votre corps étant tout sauf stérile. Par contre il faut que ce soit propre. Le nettoyage à l’eau et au savon avant la première utilisation puis après chaque usage paraît judicieux, de même que le stockage dans un endroit adapté, à l’abri des poils de votre chat. Il existe également des « toy cleaner » que vous pouvez utiliser.
Enfin, la réglementation concernant les sextoys est quasi inexistante. Ils devraient relever de la norme CE, hors on trouve un peu de tout et n’importe quoi en import. Il convient alors de bien lire l’étiquette et si on ne souhaite pas investir dans le haut de gamme encore et toujours utiliser un préservatif.
Quelle forme/type choisir ?
Pour utiliser seule ou à plusieurs c’est à votre convenance ma bonne dame. Certaines marques ont leur gamme spéciale pour « utilisation en couple » alors, pourquoi ne pas jeter un coup d’oeil aux catalogues ?
Oui mais, je suis enceinte !
Tant mieux pour vous. Le sexe et l’utilisation de sextoys (qu’ils vibrent, parlent ou fassent pipi) pendant une grossesse normale n’est absolument pas contre-indiqué… Vigilance cependant sur les matériaux bon marché d’une qualité douteuse comme dit plus haut. Attention également à certaines situations obstétricales : en cas de placenta praevia ou de menace d’accouchement prématuré par exemple, la pratique du sexe peut occasionner des saignements ou des contractions bien malvenues. Dans tous les cas et si vous vous posez des questions il ne faut pas hésiter à en parler à la sage-femme ou au médecin qui vous suit.
Des infos pratiques essentielles ?
Oui bien sûr… Comme protéger votre sextoy d’un préservatif en cas d’échanges entre partenaires si vous ne connaissez pas les statuts sérologiques de chacuns. Eviter les passages directs sexe anal -> sexe vaginal afin d’éviter une colonisation du vagin par les bactéries digestives.
Et puis surtout amusez-vous.
Flo.
Ces sites qui m’ont aidée :
http://kinseyconfidential.org/safety-dance-sex-toy-safety-generation/
photo de couverture : Amanda Jasnowski