Féminin/Féminin : L’interview de Chloé Robichaud

Presque quatre ans qu’on l’attendait, la saison 2 de féminin/féminin arrive le 14 février prochain sur nos écrans ! Pour l’occasion, on a parlé quotidien, bons et mauvais souvenirs de tournage avec Chloé Robichaud, la réalisatrice de cette série 100% féminine, 100% lesbienne. Rencontre.

Barbieturix : Que s’est-il passé entre 2015 et 2018 dans ta vie Chloé Robichaud ? Tu nous as bien fait attendre !

Chloé Robichaud : Oui j’ai conscience que l’attente a été longue ! Moi-même, j’avais bien hâte d’arriver avec cette deuxième saison… Aujourd’hui, je vois tout de même ça comme un avantage ; je sens que la série, tout comme moi, a gagné en maturité. Pour expliquer cette attente, il faut comprendre que le développement et le financement de la série est compliqué. Nous avions des ambitions claires pour cette nouvelle saison et espérions obtenir les meilleures conditions possibles pour transposer notre vision à l’écran. Et puis j’ai tourné entre temps mon 2e long-métrage, Pays, qui m’a tenue bien occupée !

Et dans le scénario de la série, entre la saison 1 et 2 de féminin/féminin, y’a-t-il un saut dans le temps ? Comment les personnages ont-ils évolué ?

On assume un saut dans le temps d’environ 2 ans, afin de voir comment certaines relations, qui n’étaient que dans les débuts dans la première saison, allaient aujourd’hui évoluer. Léa veut par exemple vivre pleinement son célibat et préfère ne pas s’encombrer de relations trop sérieuses. Elle est cependant bouleversée par une rencontre inattendue. Sam est en rémission, suite à son cancer du sein, et envisage l’avenir avec plus de positivisme. Elle voudrait fonder une famille sous peu, ce qui met la pression sur Steph. Bien que la relation de Céline et Julie soit de plus en plus sérieuse, Céline angoisse quant à leur chance de perdurer, vu leur grande différence d’âge. Alex et Anne vivent des remous, Alex souhaitant continuer d’explorer sa sexualité. Emilie cherche à tout prix son indépendance, ce qui inquiète Maude. Puis finalement, Noémie, qui célèbre ses 20 ans, s’installe enfin à Montréal définitivement, mais son arrivée ne sera pas de tout repos.

Comment as-tu travaillé cette deuxième saison ?

Avec la même énergie que dans la première, ce qui veut dire avec un élan spontané et authentique. J’ai voulu cependant approfondir davantage les relations entre les personnages et ouvrir la série sur de nouveaux enjeux personnels ou identitaires. J’ai donc travaillé la construction de mes épisodes et des nouveaux personnages de paire avec des conseillers, pour toujours m’assurer d’une justesse dans mon propos.

Qu’est-ce qui a changé ?

Les épisodes varient maintenant dans leur durée, d’un épisode à l’autre. Et la série est au final plus longue que lors de la première saison. Il y a davantage de scènes de groupe. On sent les personnages plus en relation les unes autres les autres.

Qu’est-ce qui est toujours pareil ?

Le côté hyperréaliste de la proposition demeure. L’humour aussi, qui passe beaucoup par les silences et les malaises est encore présent dans ma proposition. Je pense que la série va plus loin dans les arcs dramatiques des personnages, mais que la proposition cinématographique et le ton de la série demeurent.

Quand et comment s’est déroulé le tournage ?

Nous avons tourné à Montréal et Trois-Rivières en août 2017, sur une (trop) courte période de 16 jours. Les journées étaient chargées, nous avions parfois à nous déplacer plusieurs fois par jour pour couvrir différentes locations de tournage. Mon équipe a travaillé très fort et j’en suis d’ailleurs reconnaissante. N’empêche, l’esprit d’équipe était au cœur de tout. Nous voulions créer un climat de plaisir, malgré la rigueur que notre travail impose.

As-tu un bon souvenir, une anecdote à raconter ?

Cette anecdote est surtout très drôle… Nous avions fait une prise pour une scène d’amour entre trois personnages… Et après la prise, nous nous sommes rendus compte que les rideaux de la fenêtre n’étaient pas fermés. Heureusement, des gens de l’équipe ont réalisé l’erreur et ont empêché quiconque de passer dans la rue et d’assister au spectacle, puisque nous étions au rez-de-chaussée ! C’est un des moments les plus hilarants et étranges de ma carrière.

As-tu un mauvais souvenir de tournage, une galère à raconter ?

Nous avons tourné des scènes sur une plage, et à notre insu, plusieurs personnes de l’équipe, dont moi-même, avons été fortement piqués par des puces de sable. Nos jambes étaient couvertes de piqures, très douloureuses ! J’en ai eu pendant près d’un mois. Je devais me concentrer pour ne pas me gratter pendant les prises…

Le 14 février, que feras-tu pendant la diffusion de la série ?

Je serai sans doute avec mon amoureuse pour la st-valentin, en train d’écouter une autre série que la mienne ! Blague à part, je serai certainement en train de profiter de la journée qui sera exaltante pour toute notre équipe.

En France, une série lesbienne produite par des banques ou autres annonceurs, ça ne s’est jamais vu. Comment ça se passe au Québec ?

Les banques ont toutes, pour la plupart, des groupes lgbtq au sein de leur organisation et ont même des budgets pour participer aux divers projets des communautés. Parfois, il suffit que de l’action d’une entreprise, pour qu’elle encourage les autres à faire de même. Et c’est ce qui se passe actuellement au Québec. Il y a un effet d’entraînement. Et c’est tant mieux !

C’est quoi une journée type pour Chloé Robichaud ?

Heureusement, il n’y a pas de journées types. Mes journées ne se ressemblent presque jamais, comme je ne suis pas confortable dans le quotidien. J’adore mon métier parce que je touche à tout. Je suis parfois en écriture, en tournage, en montage, en mix sonore, en promotion… Je suis constamment stimulée par divers projets et diverses étapes de production. Ceci dit, j’ai quand même mes habitudes… Je sors mon chien plusieurs fois par jour pour une marche. Mon chien me force à demeurer organisée et j’adore ça.

Ton péché mignon ?

Grey’s anatomy, que j’écoute religieusement toutes les semaines ou presque depuis plus de 10 ans…

La chanson que tu écoutes en ce moment ?

Mystery of Love de Sufjan Stevens, musique du film Call me by your name… Quel film magnifique, qui m’habite depuis des semaines. Une grande histoire d’amour, sincère et racontée avec tellement de justesse et de finesse.

Féminin/Féminin saison 2, diffusée le 14 février 2018 sur tout.tv au Canada et Studio 4 en France 

femininfeminin.com 

Chloe

Caution geek de BBX, Chloé écrit sur l'art, le théâtre et le cinéma. Passion fast-food, salopettes et nuits blanches. Toujours OK.