Pose est une série en 8 épisodes de FX sortie en juin 2018. Elle raconte l’histoire de Blanca et de sa famille de cœur dans la fin des années 80 à New York City. On y découvre la vie d’Angel, d’Elektra, de Damon, de Pray, de Stan et de bien d’autres. Série chorale, Pose nous plonge dans l’univers des personnes trans et des queer, du ballroom et du voguing avec des incursions dans le monde de la finance et dans celui de la danse.
Les trans à l’honneur
La grande majorité des personnages est trans et si les showrunners sont trois hommes cis, des femmes trans comme Janet Mock et Our Lady J ont fait partie des scénaristes. Janet Mock a aussi dirigé l’épisode 6. Les femmes trans sont les personnages principaux. Elles sont toutes jouées par des femmes trans, qui ont eu des vies qui ont résonné avec celles de leurs personnages, le rejet par leur famille, la vie dans la rue, l’appartenance à une famille de cœur, le travail sexuel pour certaines.
En novembre 2018 dans l’Officiel, MJ Rodriguez (Blanca) interview Indya Moore (Angel). Elle soulignait : »c’est merveilleux que nous puissions nous battre et laisser la place à d’autres femmes comme nous d’entrer ». Et Indya Moore, en parlant de la nomination de Pose aux Golden Globes 2018 (Meilleure série télévisée dramatique, Meilleur acteur dans une série télévisée dramatique pour Billy Porter) précisait : »nous avons gagné là où cela importait le plus, c’était dans les esprits et les cœurs, dans la vie et dans l’esprit des personnes directement touchées; les personnes qui ont pu créer un sens solide d’elles-mêmes grâce à Pose. Cela a réuni des familles. Cela a littéralement amélioré la vie des gens. »
Un caractère documentaire certain
Fortement inspiré de Paris is Burning de Jennie Livingston (consultante sur la série), Pose décrit avec brio l’univers du ballroom de la fin des années 80. Principalement afro-américains et latinos, les participants aux soirées décrites dans la série sont très majoritairement des femmes trans hétéros et des gays. Point de lesbienne ou de bisexuelle, ce qui est apparemment socialement représentatif de ces années où elles devaient évoluer dans le milieu féministe.
Pose décrit aussi le milieu de la finance avec Stan, jeune premier qui fait ses armes dans la tour Trump. Stan joue le jeu de la virilité, parfois à son insu. Il a une aventure avec Angel, deux mondes qui s’enlacent, se découvrent et mesurent l’écart social, racial et aspirationnel qui les sépare.
L’omniprésence du sida est aussi marquante, et certains personnages y sont confrontés de façon brutale. Avec cette épée de Damoclès sur leur tête, ils avancent et tentent de réaliser leurs rêves.
Un concentré d’émotions
Série la plus émouvante de 2018 pour moi (j’ai pleuré à chaque épisode), Pose brille par sa capacité à restituer l’ambiance de ces années-là, les peurs, les joies et les aspirations de personnes rejetées par la société. L’envie qu’a Blanca de construire sa famille – sans pour autant perdre ses valeurs et oublier celle qui l’a aidée quand elle en avait besoin – est très touchante. On peut facilement s’y identifier.
Blanca est très protectrice de ses « enfants », et eux, d’elle. La confiance, l’amitié et l’amour que Blanca porte à tous les autres personnages et son intégrité touchent notre corde sensible. Les scènes émouvantes sont légion. Chaque personnage a ses faiblesses et ses forces, et ce sont elles qui font avancer l’intrigue.
Série militante
Pour le showrunner Murphy, « nous sommes entrés dans ce secteur de la télévision en tant que plaidoyer, et j’ai vu la différence que vous pouvez faire dans la vie des gens en intervenant pour eux, en prenant soin d’eux et en les aidant de toutes les manières possibles. »
Espérons que la saison 2 continuera sur cette lancée et qui sait ? Que nous verrons des lesbiennes et des bisexuelles? Croisons les doigts.