Deena Abdelwahed sera à la Gaîté Lyrique jeudi soir 31 janvier pour un Live Set autour de son premier album chez InFiné. Deena a enchanté plusieurs fois nos WET FOR ME, edit ITW avant son Live Set de jeudi soir.
Tu te rappelles de tes premières impressions quand tu es arrivée à Tunis?
Je crois que je me suis empêchée d’en avoir. Mon but ultime était d’observer les gens et de comprendre la société d’un point de vue totalement vierge. J’avais besoin de me faire ma propre idée du pays sans me laisser influencer par celle qu’on aurait pu tenter de m’inculquer.
Tu te souviens de ton premier coup de cœur musical?
Mon tout, tout, tout premier ? Peut-être un des singles de Michael Jackson ou de sa sœur Janet !
Tu étais plutôt soul et hip-hop à la base non?
J’écoutais tout ce qui passait par le walkman de ma grande sœur quand j’étais ado, avant de découvrir le Jazz via Internet. Une fois qu’Internet est devenu plus rapide, une fois que MySpace est devenu l’outil indispensable du moment pour promouvoir musiciens et DJs, Je me suis retrouvée à faire des playlists de Hip-Hop instrumental comme J-Dilla et Flying Lotus. Ensuite, je ne sais pas comment… mais le Juke et le Footwork sont devenue mes deux nouvelles obsessions !
Tu te rappelles de ton premier dj set?
C’était avec le Collectif WORLD FULL OF BASS dans un bar/restaurant à Tunis. Les membres de ce collectif de DJs tunisiens locaux sont très fans de musique électronique, en particulier celle qui vient de Grande-Bretagne. Ils sont très ouverts d’esprit et essaient un maximum de promouvoir toute musique électronique expérimentale ou underground via leurs soirées.
Tu ressens quoi derrière des platines aujourd’hui?
Je me sens comme un chef en cuisine ! J’aime vraiment me réapproprier les morceaux des autres et leur donner un autre sens. J’aime proposer des choses nouvelles. Ce qui me fait le plus plaisir c’est de faire hausser les épaules des gens qui ne dansent pas dans la salle. Mais en fait depuis un an je fais plus de lives que de DJs Sets. Mixer me manque ! C’est une prestation artistique directe et indirecte à la fois, j’adore ça !
Il se passe quoi aujourd’hui en Tunisie avec la musique électronique ? Un nouveau vent de liberté?
Je dirais plutôt « nouveau vent de courage », le courage de lutter et résister. On n’est toujours pas libres ici. Les soirées de musiques électroniques en Tunisie existaient avant 2011. Mais de mon expérience, elles étaient moins populaires, moins accessibles et moins assumées. Aujourd’hui on trouve plein de soirées et évènements liés à la musique électronique “dansante”. Et cela sous plusieurs formes, toujours très bien organisés et qui intéressent la majorité des jeunes tunisiens.
Tout comme Fatima Al Qadiri tu as grandi dans un émirat. Tu penses que tu serais là où tu es aujourd’hui si tu étais restée en Tunisie?
En y réfléchissant, je dirais que oui. Je ne serais peut-être pas aussi geek par contre. Mais, j’aime danser et j’aime m’exprimer à travers la musique, je pense que c’est quelque chose d’inhérent à ma personnalité.
On te compare souvent à elle ? C’est quelque chose qui te fait sourire ou t’agace un peu?
Ça me fait sourire bien sûr ! Mais je ne suis pas d’accord pour me comparer à elle. On a, c’est vrai, grandi dans la même région, mais Fatima a beaucoup plus d’expérience et de projets derrière elle que moi. Moi je viens juste de commencer !
Tu te vois où et comment dans 10 ans ?
À l’aise avec le temps !