Quiconque a déjà tapé le mot « lesbienne » sur Google images connaît ma douleur. Illustrer un article sur la sexualité lesbienne relève tantôt du cauchemar, tantôt de la vaste blague.
Car, au milieu des photos d’adolescentes in love postées sur Tumblr, des créations originales d’artistes en herbe sur Deviantart et des captures d’écrans illustrant des chef-d’oeuvres de X-Hamster subsiste une source intarissable de clichés sur les femmes qui aiment les femmes : les banques d’images.
Evidemment, un certain nombre de banque d’images essayent de faire évoluer la représentation des femmes, comme Getty Images, qui lançait en 2014 la collection Lean It. Même Shutterstock, dont sont issues la majorité des images sélectionnées ci-dessous, propose depuis quelques années des photographies de qualité représentant des scènes de la vie de tous les jours, avec une diversité de silhouettes et de couleur. Reste que, dans les bas-fonds d’internet, subsistent une multitude de clichés ingrats qui ternissent la représentation des femmes qui aiment les femmes. Des images qui se retrouvent parfois en illustration d’articles sur le mariage homo ou sur la sexualité, sur des flyers de soirées ou sur des publicités. Panorama du meilleur du pire des banques d’images, en trois catégories.
1. Les fantasmés
Ces images là jouent sur une représentation hyper-sexualisée et hétéronormée des lesbiennes, mise en scène soft porn, avec modèles amateurs outrageusement maquillées, ongles manucurés et talons haut-perchés. Les modèles se caressent alors tantôt la poitrine, tantôt les cheveux (car le sexe lesbien, c’est si doux) et posent dans des positions qui rendraient songeur Abdellatif Kechiche. Courbatures assurées.
« Chérie, je crois qu’il y a une fuite dans l’entrée »
Formation premiers secours : massage cardiaque
« Wouah ! Ça a vachement bien marché ton lissage brésilien ! »
« Mmh, c’est le nouveau Narta fraicheur d’automne ? »
Passion ostéopathie
Mycose + bras ankylosé + sable dans le cul + torticolis = douleur
« J’aime faire l’amour toute habillée » (à prononcer avec l’accent de Carla Bruni)
2. Les « réalistes »
Ces images mettent en scène des situations de la vie « réelle », à savoir : coucher avec sa meilleure amie et se faire surprendre par son mari (car la lesbienne est sournoise !), des disputes ou de grosses colères (les règles, sans doute) mais surtout, des moments de complicité simples devant un coucher de soleil, un film, un verre de vin. Le tout est d’offrir du couple lesbien une vision romantique, emplie de douceur et de guimauve (deux femmes ensemble, c’est si beau).
« Où est passée ma perceuse ? »
« Toi d’abord, hihihihihi gnigni non toi d’abord »
La scène coupée d’Imagine me & you
« J’ai acheté ça chez H&M Home, tu aimes ? »
Le romantisme lesbien n’a jamais trouvé meilleure illustration
« Z’auriez pas vu ma caisse à out’? »
« Regarde Jacqueline, ce Papillon photoshoppé est le symbole de notre amour «
3. Les WTF
Ces photos-ci sortent probablement de l’imaginaire torturé de photographes amateurs, et mettent en scène anges et démons (les deux facettes d’une sexualité narcissique), jeux de miroirs, accessoires érotiques (sucettes, papiers cadeaux, serpent etc). La preuve que la sexualité lesbienne est sujette à toutes les projections, tous les fantasmes, même les plus improbables, et que, au nom du bon goût, la pratique photographique devrait être réglementée.
Léopard + serpent + bijoux bling + brassière résille + bouquets : too much information
Lipstick sex : version 1
Lipstick sex : version 2
Marika et Josette en plein drama
20.
Le cadeau de Noël de Muriel Robin a l’air bien sympa !
Tu aimes ma sucette, Annie ?
Vous l’aurez compris, il reste du chemin à faire avant d’atteindre une représentation fidèle à la réalité et diversifiée. Parce que oui, on peut être lesbienne, détester les couchers de soleil, et faire l’amour sans se caresser le bout des tétons.