Nancy Goldin dite « Nan Goldin » est une photographe américaine, née le 12 septembre 1953 à Washington D.C aux Etats-Unis.
De prime abord, les photographies de Nan Goldin donnent une bien trompeuse impression : n’importe qui aurait pu les prendre. Elles semblent jaillir d’un album de famille. Surtout celles des milieux nocturnes où la décontraction naturelle « des modèles » atteste de photographies à peine travaillées. Elles ne sont pas sans rappeler le procédé à l’origine des images qui pullulent sur nos murs Facebook. On doit aux réseaux sociaux l’avènement dans sa forme moderne du snapshot. Nan Goldin affirme « qu’il est la seule forme de photographie qui est complètement inspirée par l’amour ».
Pour moi, prendre une photo n’est pas du détachement. C’est une manière de toucher quelqu’un, c’est une caresse. Je pose un regard chaleureux, pas un regard froid. Je n’analyse pas ce qui se passe ; la beauté et la vulnérabilité de mes amis me donnent simplement l’inspiration de prendre une photo.
La vision de Goldin est indéniablement synonyme de spontanéité. Chaque photographie est un fragment d’une mosaïque de vie. Et cette mosaïque ne fait sens qu’en étant assemblée. En cela, son œuvre est une histoire dont l’ultime but est le souvenir et la mémoire. D’un instant, aussi fugitif soit-il.
Le style Goldin émerge dans le New York des années 70 et 80. L’artiste, ouvertement bisexuelle, photographie des usagers de drogues, des drags queen, des travailleurs du sexe, des trans mais surtout des séropositifs. Son travail témoigne avec force des premiers ravages du VIH dont on ne connaissait que très peu de choses à l’époque. Le virus décime à un à un ses amis proches et ses modèles. C’est le cas de Cookie Mueller, morte à 40 ans en 1989 et à qui Goldin consacre une exposition en 1991.
Témoigner à travers son œuvre de cette période est pour la photographe un acte militant : « Nous ne voulions pas faire partie de la communauté « hétérosexuelle » ou « normale ». Nous formions notre propre communauté par choix. En disant cela, je ne fais ni du voyeurisme ni du narcissisme. Entre ces deux options, il y a une multitude de choix : la compassion, la curiosité, l’intérêt réel pour la vie des autres et le désir profond de vouloir comprendre leur expérience».
L’œuvre de Nan Goldin dérange. Dans les années 80, photographier des actes sexuels ne fait pas vraiment consensus. La photographe américaine subit la censure à plusieurs reprises. Goldin va jusqu’à se photographier après une altercation physique avec son compagnon de l’époque, qui était à deux doigts de lui coûter l’usage d’un de ses yeux. Cette célèbre photographie fait partie de la série All By Myself.
Nan Goldin, qui célébrait ses 60 ans en 2013 vit aujourd’hui entre Londres et Paris. Son travail a évolué vers des photographies moins violentes et des ambiances moins noires.
Rania