On connaît toutes la fameuse phrase de Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme, on le devient », en revanche on connaît moins « on n’est pas conçue femme, on le devient in utero selon l’humeur de nos gênes ».
Souvenirs de cours de biologie du lycée : les hommes ont deux chromosomes : X et Y, les femmes, elles, ont une paire d’X. Puis, comme beaucoup d’idées claires apprises au cours de nos premières années d’éducation, cette affirmation simple se retrouve anéantie par des subtilités techniques et une foule de contre exemples.
Y : le chromosome sans gènes.
Première nouvelle qui affole : le chromosome Y serait amené à disparaître. Pas demain, pas chez nos petits-enfants, mais dans une dizaine de millions d’années. Ou cinq pour les plus pessimistes, comme Jenny Graves, une chercheuse australienne experte sur le sujet.
Alors pourquoi Y se ferait la malle ? Très simple nous expliquent les chercheurs, il s’agirait d’un processus qui date de plusieurs millions d’années : Y perd ses gènes presque depuis sa création et est à présent d’une taille franchement ridicule comparé à X, le chromosome « smart and sexy » comme l’appelle Mme Graves. Erreurs de réplication causée par son isolement (contrairement à X, il n’est jamais par paire) et accidents génétiques ont amenés Y à perdre 97% de son matériel génétique. Et on dit que les femmes perdent tout…
Messieurs, pas de quoi paniquer pour autant, il existe deux alternatives. La première : des études réfutent la théorie de la disparition d’Y en affirmant que son nombre de gênes s’est stabilisé et que certains d’entre eux sont essentiels à la survie, donc ne disparaitront pas.
Deuxième alternative : le campagnol-taupe transcaucasien, une espèce animale qui réussit à produire des mâles sans la présence d’Y. Dans tous les cas donc, rien à craindre pour nos mâles.
Femelle par défaut ?
Une autre des préconceptions qui s’est trouvée être fausse au regard de la science : on est femme par défaut, par défaut d’Y, en l’occurrence.
Là encore, ç’eut été trop simple ! Si Y porte bien le gène SRY, qui « active » la masculinisation, sa seule présence n’est pas suffisante. La détermination du sexe résulte d’une « cascade » d’activations, permises par plusieurs gènes. FOXL2 pour ne citer que lui, est un gène déterminant dans la production des ovaires. Sans lui, des individus XX pourraient avoir des testicules par défaut, comme le montrent des expériences sur d’autres mammifères.
Pas de supériorité entre les gènes donc, pas de chromosome plus performant non plus. X et Y sont déterminants dans bien plus que le choix de notre sexe, ils peuvent jouer sur notre durée de vie et les maladies à risques, mais c’est encore une autre histoire.
Si le sujet vous intéresse, je vous invite à consulter le dossier proposé par Le Monde, très complet, un brin complexe, mais fascinant, sur ces questions de gênes, de sexes et de genre.
Léa