Dans les illustrations de Sara Andreasson, les femmes ont des corps sculpturaux, portent des joggings et ne s’épilent pas. Elles sont lesbiennes, noires ou asiatiques, portent des maillots de bains moulant laissant entrevoir leurs poils, leurs formes. Elles mangent de la junk food, fument, pissent dans la rue et prennent de la place dans le métro (le manspreading n’est pas l’apanage de la gente masculine). Cet univers coloré, c’est celui de l’illustratrice et designer suédoise, Sara Andreasson, âgée de seulement 27 ans et déjà figure montante de la scène artistique internationale.
Tan lines (2014)
On l’avait remarquée grâce à sa série White Noise, un projet d’étude dans lequel elle questionne la représentation de la femme dans notre société tout en se jouant des diktats et des standards de beauté imposés par la mode. A travers une série d’illustrations mettant en scène des moments d’intimités et de vie de ces femmes sous-représentées dans la culture dominante, elle nous livre une vision alternative de la féminité. Des images d’une rare profondeur, résolument modernes qui font de Sara une artiste féministe et engagée à suivre avec beaucoup d’attention. Loin des clichés véhiculés par les magazines, cette héritière du pop art illustre dans un style ludique et coloré, la multiplicité des identités féminines.
White Noise (2015)
Comme pour de nombreuses artistes aujourd’hui, la jeune illustratrice défend une vision féministe du monde, se bat pour l’égalité des sexes et s’insurge contre les normes établies. Ses illustrations sont le reflet de ses convictions et de ses engagements. Des engagements politiques qui ont une influence directe sur son art et sa manière de créer. Dans une interview accordée au magazine I DO ART, Sara Andreasson explique en effet que pour donner naissance à ses personnages anticonformistes, elle s’inspire des photos de mode dans lesquelles l’image de l’homme et de la femme sont très stéréotypées dans le but de mieux les détourner. Et quoi de mieux pour renverser les clichés sur le genre que d’utiliser des photos d’homme pour dessiner des femmes et des photos de femme pour dessiner des hommes ? Car qui dit travestissement dit transgression et renversement des valeurs morales. A travers ses illustrations, Sara Andreasson réinvente la vision de l’égalité des sexes. Elle donne à voir un monde nouveau dans lequel les femmes se réapproprient leurs identités, leurs corps et peuvent pleinement exister.
Chez cette artiste engagée, la revendication féministe tend véritablement à devenir un manifeste artistique. Une vision singulière qui n’aura pas manqué de séduire l’establishment artistique et culturel.
Fashion is my passion (2015)
Repérée par des magazines et des blogs influents sur les réseaux sociaux où elle avait publié son travail, Sara Andreasson a déjà collaboré avec de grands noms tels que The New York Times, Pitchfork, Lacoste, Rolling Stone ou encore The Guardian. Elle travaille également avec The Anonymous Sex Journal, un journal qui publie des histoires de sexes de personne sous couvert d’anonymat, le tout au format A6 pour lequel elle réalise des illustrations.
En parallèle de ses collaborations avec des marques et de ses nombreux projets perso, Sara Andreasson a monté avec son acolyte et partenaire de crime Josefine Hardstedt un “art-zine” intitulé BBY (remember something ?) – un magazine qui se concentre sur les femmes créatives dans les milieux de l’art et du design. Une initiative inspirée du mouvement séparatiste feministe/queer qui prône la séparation complète avec les hommes et le rejet de la vision normative hétérosexuelle. Pour l’artiste suédoise, il est essentiel de créer une communauté indépendante et solide où les cis-men (je vous laisse googler le terme !) n’ont pas leur mot à dire mais également un environnement sûr pour les femmes dans le monde de l’art. Du talent donc et de l’engagement. Tout pour plaire !
Girls (2014)
Par Julio