C’est déroutant. Embarrassant, même. Mais sans le savoir, vous êtes certainement raciste, homophobe ou encore sexiste. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le TAI, le Test d’Associations Implicites.
Avec le TAI, pas de place au politiquement correct. Ce test, conçu par une équipe de chercheurs en psychologie sociale et cognitive de Harvard, met à nu votre inconscient. Et ce que vous découvrez n’est pas toujours joli joli ou en adéquation avec ce que vous affirmez publiquement. Non pas que vous soyez de mauvaise foi ! Mais pour les sociologues, il y a toujours un décalage entre votre discours réfléchi et vos pensées profondes. Nous mettrions tous en place sans le savoir des stratégies de controle de soi pour « ne pas paraître raciste ou homophobe ». Le cerveau a ses raisons que la raison ignore… Et le TAI a pour but de révéler ces croyances et attitudes latentes qui sommeillent en chacun de nous et qui sont bien souvent inavouables. À moins d’être sacrément con, pas facile de dire que vous préférez les blancs aux noirs. En général, vous avez au moins une amie noire pour vous couvrir (Poke Nadine Morano).
Pour mesurer les attitudes de façon implicite, les sociologues de l’université de Harvard s’appuient sur l’association et le classement de concepts en référence à une image, un mot ou une photo. Le temps mis pour relier les concepts les uns aux autres est évalué et révèle une tendance à avoir des attitudes positives ou négatives envers un groupe. Le TAI propose 8 tests sur des thématiques variées comme le genre, l’âge, le poids, l’origine, la race, la couleur de peau, le pays et l’orientation sexuelle. Chacune de ces thématiques fait échos aux polémiques et enjeux sociaux de notre époque : sexisme, homophobie, racisme, discrimination (positive ou négative), jeunisme, fat shaming, whitewashing, etc. Dans la plupart des tests du TAI, toutes thématiques confondues, les gens ont bien souvent une préférence automatique pour les manifestations valorisées dans la culture dominante. Ainsi, la minceur sera préférée à l’obésité, les peaux claires aux peaux foncées, l’hétérosexualité à l’homosexualité, etc…
Bien évidemment, ces préférences dépendant également de votre mode de vie. Rien de bien surprenant en réalité. Nous sommes tous influencés par la société et la culture dans laquelle on vit, de l’éducation que l’on a reçu. Ces préjugés et stéréotypes peuvent également provenir de processus cognitifs ou encore des relations que l’on entretient avec les différents groupes humains. Tout au long de sa vie, l’individu est influencé et fait l’apprentissage de nombreux sétérotypes à travers les médias, les publicités, les émissions de télé, les films, etc. Pour n’en citer que quelques uns : les chinois sont travailleurs, les américains sont stupides, la féministe est poilue, le gay est coiffeur. Et que dire du doublage des personnes de couleur dans les films ?
De la même façon, les croyances, attitudes et comportements véhiculés par certains modèles parentaux permettent l’apprentissage de préjugés et stéréotypes chez les enfants. Ainsi, les enfants blancs apprennent la plupart des préjugés envers les noirs simplement en observant et copiant les attitudes et comportements de leurs parents et vice versa. De la même façon, les enfants noirs élevés dans une culture majoritairement blanche ont eux aussi tendance à intérioriser ces préjugés et stéréotypes (cf. test de la poupée de Kevin Clark reproduit en 2008).
On peut ainsi se poser la question de savoir quel est l’impact de ces préjugés sur nos vies et nos comportements ? Intériorisés, ils peut fonctionner comme de l’auto-censure, une estime de soi diminuée ou de l’auto-stigmatisation. Une femme ayant intégré la croyance selon laquelle elle serait moins compétente en science que les hommes verra certainement son choix de métier impacté par ce préjugé.
Pour celles qui rejettent les préjugés et stéréotypes, les dégâts n’en sont pas moins visibles et violents. Certains contextes peuvent les amener à penser qu’elles seront potentiellement jugées par le biais de ce stéréotype. Qui n’a jamais eu peur d’etre étiquetée, labelisée pour son orientation sexuelle, sa couleur de peau ou son origine ?
A noter que la préférence automatique n’est pas exactement du racisme : préférer et exclure ne sont pas les mêmes choses.
D’ou l’importance de lutter contre les stéréotypes qui contribuent à la perpétuation des inégalités. Comment ? En prenant déjà conscience de nos shémas inconscients. Effectuer le TAI, comprendre quels mécanismes inconscients dominent nos shémas de pensée constitue un 1er pas vers le changement des mentalités et vers une société plus égalitaire.
Faites-le test ici
Pour voir les résultats d’autres personnes qui ont passé le test, voici une petite vidéo :
par Julio