Création et musique électronique : la constellation CORA NOVOA

Cora Novoa n’est plus l’étoile montante de la scène électro espagnole, son nom est désormais associé à une constellation créative, Seeking the Velvet, qui mêle musique électro, design et mode. Cora Novoa est la seule femme Ableton certified trainer en Espagne (il y en a deux en France…), elle conjugue des compétences techniques de haut vol à une passion pour la culture grecque classique et une curiosité pointue pour la scène électro des pays de l’Est. Une artiste singulière, inspirante et généreuse. ITW.

Bonjour Cora qu’est-ce tu fais en ce moment ?

Je suis en train de me renseigner pour acheter une go-pro que je veux utiliser pendant mes live, pour pouvoir projeter ce que je fais aux platines en plus des visuels.

Comment est née la plateforme Seeking the Velvet ?

Il y a cinq ans environ j’ai eu envie de faire autre chose qu’un label. Je voulais réunir la mode, le design, l’art dans une plateforme de création. La mode me passionne, nous avons une boutique en ligne et nous collaborons avec un concept-store  à Barcelone qui est proche de nos envies et de nos valeurs. On propose des capsules en édition limitée. Ce n’est pas du merchandising classique, les créations sont pensées comme partie intégrante du projet artistique. Pour le dernier LP Mental Diaries, on a fait des tee-shirts en édition limitée qui sont un élément de la proposition qui allie un story telling, des visuels pour les live, des éditions cassette avec un packaging ad hoc. C’est une autre façon de créer.

Tu travailles en groupe alors, c’est important le collectif ?

Oui très important, nous sommes une petite famille, nous partageons des valeurs, une vision, une esthétique. Je travaille avec Ari qui s’occupe de la presse et avec Angel un designer graphique. Après nous multiplions les collaborations au gré des rencontres.

Comment s’opère le processus de création ?

Je me nourris beaucoup de mode et de littérature,  je suis beaucoup de choses via instagram et Tumblr. Je lis beaucoup, je me documente, les choses prennent forme dans mes carnets sous forme de collage.

Quel.les créateurs et créatrices t’inspirent ?

Dans la mode des classiques comme Prada, et sinon les marques MISBHV, Avalone Tokyo Studio Alch, le mannequin et DJ Sita Abellan. Dans les arts visuels, le collectif de plasticiens Rubenimichi, le street artiste Okuda (Oscar San Miguel Erice), l’artiste Tomas Aciego, la plateforme Holtz.re, l’artiste Tom Galle.les. En musiques des artistes comme artistes Zamilska, le label P.A.M., L.I.E.S. record ou le Unsound Festival.

Le 23 novembre dernier sortait le premier acte de la trilogie Mental Diaries, ton troisième LP, après “The Secret Garden” (Natura Sonoris, 2010) et “Fight Love Faith” (Seeking the Velvet, 2015), pourquoi trois actes ?

D’abord je suis passionnée de culture classique, les trois actes c’est la structure de la tragédie  grecque qui me fascine. Ensuite je pense que la consommation de la musique aujourd’hui a beaucoup changé. Avec Internet, on écoute rarement les douze titres d’un album de façon suivie, on pioche, on clique, on passe d’une chose l’autre. J’ai voulu offrir une proposition en plusieurs fois, doser le contenu pour nous ajuster à ces nouvelles formes d’écoute.

Je me souviens du titre « In your mind » et le titre de cet album semble reprendre cette obsession, communiquer ce que tu as dans la tête, ou donner à voir, écouter et sentir un paysage mental, c’est l’enjeu de la création ?

Oui certainement ! Partager la réalité est toujours compliqué. Dans n’importe quelle situation de la vie quotidienne, nous sommes pris dans la subjectivité, par notre état d’esprit, on ne vit pas les mêmes choses selon qu’on est triste, stressé.e ou joyeux.e. C’est tellement compliqué de partager exactement le même point de vue. Mental Diaries se nourrit de tout ce qui m’a traversé ces deux dernières années entre Londres et Barcelone et de mon intérêt pour ce qui se passe dans les pays de l’Est.

Pourquoi les pays de l’Est ?

En Pologne et dans d’autres pays, comme en Georgie avec le club Bassiani, il y a une scène électro très dynamique. Une scène qui dépasse la simple proposition musicale, qui est plus politique, revendicative, associée à la culture queer, au respect. Ce sont des pays militarisés où les scènes électro sont des espaces de liberté revendiquée.

Cora Novoa sera sur le central de la Machine le 26 janvier pour la Wet for Me Nude Edition.

Photos : Alexandra Cepeda et Rita Buil

Isabelle Mornat

Isabelle aime les cabinets de curiosité et la vieille techno hardcore, la confusion des sens et les concentres Harley au clair de lune.